Décarbonation industrielle

L'économie internationale est confrontée au double challenge du maintien de la stabilité macroéconomique et de la lutte contre les changements climatiques. Notre système productif national est  très exposé aux chocs peu prévisibles et aux ruptures considérables que connait le monde par les  temps qui courent. Toutes les transformations à l’œuvre impliquent une refonte totale du modèle  industriel qu’il nous faut construire sur des bases saines et tangibles. Dans cette dynamique, la décarbonation représente un grand défi et ouvre un avenir rempli d’opportunités aux entreprises marocaines en quête de croissance et de performance.

Force est de constater que malgré les efforts consentis ces dernières années, les différents programmes menés sont arrivés à bout de souffle et doivent être renouvelés en prenant davantage en compte les obstacles exprimés par les opérateurs et en offrant plus de liberté et de simplification.

En même temps, il ne fait aucun doute que l’usage des technologies avancées demeure essentiel pour aboutir à un changement transformationnel et une décarbonation efficiente touchant tous les secteurs vitaux de l’économie marocaine.

Dans une logique d’amélioration continue, il est nécessaire d’aller vers une combinaison de la réglementation et de l’investissement pour réussir le processus complexe de la décarbonation. Dans ce sens, la CGEM a élaboré en collaboration avec la Banque Européenne d’Investissement - BEI, un

guide volontariste destiné aux entreprises marocaines de toutes tailles et tous secteurs confondus, contenant une offre de formation et d’appui technique pour réussir la décarbonation industrielle dans des conditions optimales et en phase avec les réalités du marché. Ce cadre d’actions comporte une palette de programmes de financements durables et un ensemble de pratiques totalement innovantes visant à accompagner les entreprises vers une trajectoire de neutralité carbone. Ce type de mesure démontre l’importance d’un engagement coordonné pour fédérer les acteurs et les embarquer dans cette aventure collective.

Incontestablement, la décarbonation nécessite des mesures très courageuses. En clair, il est absolument crucial de procéder au plafonnement des émissions par secteur, avec des objectifs chiffrés et conformes à l’atteinte des objectifs de neutralité carbone d’ici 2050. Cette initiative peut envoyer un signal fort au tissu économique pour infléchir les investissements vers les infrastructures vertes et les modes productifs à faibles émissions.

Il n'existe pas de solution miracle ou simpliste pour faire passer l’industrie marocaine à la carboneutralité. Il faut dire qu’il est nécessaire d’explorer une multitude de solutions au regard des spécificités de chaque domaine. Clairement, les possibilités de changement profond varieront également d’un territoire à l’autre, en fonction du niveau de développement infrastructurel, de la richesse du mix énergétique et de la capacité de l’écosystème à promouvoir des innovations de rupture à l’instar des technologies de captage et de stockage de carbone – CCUS qui constituent un levier puissant en matière de décarbonation et gagneraient à se déployer dans une logique partenariale.

En somme, il est inutile de laisser les débats s’égarer dans la multiplication et le chevauchement de mesures techniques sans cohérence générale. Pour cela, le plus important est de dépasser les clivages politiques qui peuvent paralyser la concrétisation d’une stratégie de décarbonation

globalisante et de se concentrer sur l’actionnement d’une véritable intéroperabilité des normes et la structuration de nouvelles filières à la bonne échelle pour garantir un progrès continu vers une économie partagée, ouverte sur le monde et créatrice de richesses.