CANETON FOUINEUR

Le Covid à Casablanca caracole toujours en tête

Le système de santé à bout de souffle
Jamil Manar
22/10/2020 10:10
M. Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé.

Le monstre covidéen qui fait peur aux autorités a pour nom Casablanca. En cause, la situation épidémiologique...

Le monstre covidéen qui fait peur aux autorités a pour nom Casablanca. En cause, la situation épidémiologique locale qui se détériore de jour en jour en provoquant la saturation des services de réanimation. Sans que les responsables n’arrivent à casser la chaîne des contaminations.  

Cela fait près de trois mois que la région de Casablanca-Settat donne des maux de tête aux autorités sanitaires et locales. Et pour cause… La plus grande région du pays caracole toujours en tête des contaminations se taillant presque la moitié des cas journaliers enregistrés qui dépassent aujourd’hui les 3.000. Dans ce tableau sombre et inquiétant, Casablanca se taille la part du lion avec en moyenne plus de 1.000 cas quotidiens, soit près du quart de la totalité des infections. Les foyers de contamination se multiplient à un rythme soutenu. Ces derniers ne sont pas seulement industriels et familiaux. Ils sont aussi sportifs (un cluster de 9 joueurs découvert au Raja, scolaires (des cas déclarés dans plusieurs écoles). Ce qui montre que la circulation virale, déjà à un niveau élevé, se poursuit à un rythme de plus en soutenu tout en révélant en même temps l’incapacité des responsables à casser la chaîne de transmission de l’infection malgré l’adoption d’une batterie de mesures restrictives dès le mois d’août. Devant cette flambée des contaminations, le seuil d’alerte à Casablanca a été atteint en raison de la hausse de nouvelles hospitalisations et la saturation des services de réanimation. Résultat : c’est la croix et la bannière pour trouver un lit de disponible en soins. A telle enseigne que les personnes qui ont un cas grave dans la famille font intervenir des connaissances pour leur dégotter une place. Les places sont très chères en cliniques où les lits en réanimation sont très limités. Du coup, les cliniciens font monter les enchères.  Jusqu’à 80.000 DH pour un lit en réa ! Le filon du moment c’est le Covid et tout ce qui s’y rattache: Tests PCR, masques, charlottes, gants, les médocs et l’oxygène… Selon un médecin, ce dernier produit commence à se faire rare sous la pression de l’augmentation des malades en détresse respiratoire.  

Mesures restrictives

Le personnel soignant qui est en première ligne dans la lutte contre le virus sent de plus en plus la pression monter sur les capacités  du système de santé national alors même que les personnes contaminées qui ne sont pas des cas graves sont invitées, faute de places dans les hôpitaux, à s’isoler chez elles où elles  se soignent  pendant deux semaines. « Les deux prochains mois (novembre, décembre) s’annoncent délicats pour Casablanca », s’inquiète un médecin du public. « Il faut à tout prix faire baisser la courbe », renchérit un autre. Mais comment ? Un reconfinement de Casablanca n’est pas une bonne idée car accentuerait la crise qui frappe déjà essentiellement les petits revenus et les précaires qui gagnent leur vie au quotidien en faisant des boulots modestes ou en travaillant dans l’informel. Le coût social d’un deuxième enfermement pourrait être lourd de conséquences. Les pouvoirs publics qui en sont conscients préfèrent pour le moment gérer la situation sur un plan sanitaire en reconduisant de 14 jours supplémentaires les mesures restrictives imposées à l’échelle de la préfecture de Casablanca. La troisième prolongation du genre, décidée il y a quelques jours, s’étale jusqu’au 2 novembre.

Ces restrictions (fermetures des cafés à 20 heures et les restaurants à 21 heures ainsi que la fermeture des salles de sport et des hammams et l’interdiction des fêtes et des mariages) pèsent lourd sur l’activité commerciale et privent les petites mains qui en vivent de leurs revenus. Plusieurs écosystèmes (évènementiel, traiteurs, sport et bien-être…) s’en trouvent durement touchés. D'ailleurs, les autorités ont observé ces derniers temps une recrudescence des agressions pour vol avec un changement sensible de profils qui ne sont pas ceux appréhendés d’habitude par la police. Un individu condamné au chômage pendant plusieurs mois est tenté en effet de basculer dans la criminalité pour nourrir sa famille.

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