CANETON FOUINEUR

Après l’annonce d’un vaste plan social par la maison-mère

Déprime à la Société générale Maroc
Jamil Manar
Le siège de la Société générale Maroc à Casablanca.

La filiale marocaine de la banque française a déjà démarré en douce des opérations de fermetures d’agences, d’allègements de format et...

La filiale marocaine de la banque française a déjà démarré en douce des opérations de fermetures d’agences, d’allègements de format et de
regroupement des points de vente.

Il ne fait pas bon être banquier  à la Société générale (SG) où  les employés sont sur un siège éjectable. Le groupe français a mis la main à un vaste plan social, «sans départs contraints, qui prévoit la suppression de 900 postes, soit le double  de ce qu’avait annoncé l’agence Bloomberg le 19 janvier. Les fonctions centrales de l’établissement à La Défense, près de Paris, et l'informatique sont principalement visées  selon le quotidien économique Les Echos qui a donné l’information. Du côté des syndicats, c’est évidemment la stupeur et l’indignation qui prévalent.
« Il est scandaleux que de telles informations paraissent dans la presse avant que les partenaires sociaux en aient été saisis, au risque de générer la légitime inquiétude des salariés sans pouvoir en mesurer les impacts et sans accompagner le choc de ces annonces », fustige sur son site le Syndicat national des banques (SNB) de la Société générale. La banque compte 117 500  salariés dans le monde  dont 56 000  en France.
La nouvelle de ce massacre social a inquiété mais pas surpris les employés de la filiale marocaine de SG.  Ici, les fermetures d’agences, les allègements de format  et les opérations de regroupement d’agences qui favorisent la simplification hiérarchique ont déjà démarré en douce depuis quelque temps. L’objectif  de ce nouveau plan organisationnel est d’arriver à une optimisation de l’activité des agences avec des conseillers dédiés à chaque marché, d’après les explications fournies par les responsables aux employés. Selon des rumeurs qui ont circulé en interne, ces derniers visent à fermer 50% du réseau des agences opérant au Maroc dont le nombre dépassent 400 pour environ 4000 collaborateurs. Ce plan social dans la banque de détail au Maroc et en France  vise une réduction des coûts censée permettre  une baisse  des coefficients d’exploitation qui sont parmi les plus élevés d’Europe dans le secteur bancaire.  En cause, une pression sur les revenus et une stagnation des bénéfices. Pour changer la donne et défendre leurs marges, voire les augmenter, les dirigeants misent sur les leviers du digital et l’intelligence artificielle où le potentiel de gains est jugé très significatif.

Comme nombre de  secteurs, les banques affrontent depuis plusieurs années un nouveau contexte client qui les oblige à intégrer dans leur stratégie la dématérialisation des services et la webinisation des usages. Dans le contexte de la filiale marocaine de la Société générale,  la réduction des effectifs dans la banque de détail et la fusion d’agences  risque d'entraîner des effets pervers, notamment l’encombrement des agences d’employés et de clients.
«C’est une expérience client  désagréable  qui peut découler de cette "soukisation" des agences de la banque, potentiellement synonyme de retard et de dégradation du service rendu aux clients », explique un directeur qui met en avant les spécificités de la culture locale. Malgré  la digitalisation, la clientèle bancaire au Maroc est encore nombreuse à préférer se déplacer  en agence pour  traiter ses opérations et  chercher  conseil  auprès  des agents.  Un autre responsable pointe les différents  scandales financiers qui ont  ébranlé  la maison-mère en impactant de manière  considérable ses résultats (Voir encadré). Nombre d’employés considèrent que la filiale marocaine, qui a annoncé un résultat net consolidé exceptionnel de 742 millions de DH au 30 juin 2023,  paie quelque part ces turpitudes en série dont elle est nullement responsable. Mais c'est sur la succursale et surtout ses pauvres employés que l'étau se resserre.

Une banque notoirement "casserolée"

Le 24 janvier 2008, en pleine crise des subprimes, la Société générale annonce avoir été victime d'une fraude gigantesque  sur le marché des contrats à terme . Le coupable est tout trouvé qui n’est autre que  l’un de ses traders en chef les plus talentueux du nom de  Jérôme Kerviel. Selon la version de l’employeur, celui-ci aurait pris des positions sans le consentement de sa hiérarchie  pour un montant colossal de 50 milliards d’euros, soit plus que le total des fonds propres de la Société générale.
Cette affaire  occasionne  4,9 milliards d'euros de perte pour la banque  et coûte  à Daniel Bouton son poste de président . Quant à Jérôme Kerviel, il sera  condamné
en octobre 2010 à cinq ans de prison, dont deux avec sursis, et le vendredi 23 septembre au civil   à verser 1 million d’euros de dommages et intérêts à son ancien employeur. Lequel est condamné à payer une amende de 4 millions d'euros pour des carences graves dans son système de contrôle interne.
En avril 2009, le quotidien français  Libération révèle  que la filiale de gestion alternative de Société générale a essuyé des pertes de 5 milliards d’euros entre 2007 et 2009. Entre 2005 et 2007, la valeur des actifs structurés sous gestion était passée de 6 à 50 milliards d’euros. Pour sa part, la banque affirme n’avoir perdu que 1,5 milliard d’euros, avant la fusion de SGAM Alternative avec Lyxor Asset Management.
Fin 2013, Société générale est condamnée à payer une amende de 446 millions d'euros pour sa participation  dans un cartel sur les taux interbancaires. Les 7 banques qui s’étaient arrangées pour manipuler ces taux d’intérêt utilisés dans le monde entier ont été condamnées à payer un total de 1,7 milliard d’euros, un record pour un cas d'entente. Bruxelles a cependant réduit  de moitié, à 228 millions d'euros, l'amende infligée à la Société Générale, sur la base d'un nouveau calcul proposé par la banque elle-même.
La banque au logo rouge et noir annonce  en avril 2017  un arrangement financier conclu  avec la Libyan investment authority (LIA, le fonds souverain libyen) d’un montant de 963 million d'euros. C’était le prix à payer pour mettre fin à des litiges portant sur des transactions financières datant de 2007-2009 et éviter que le conflit n'aille en justice.

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